contusion ungéale


     La contusion unguéale est très fréquente lors de traumatisme de la phalange distale.


     Elle diffère selon l'étiologie de ce traumatisme mais elle sera toujours réparée en urgence car les traitements immédiats sont simples.


     Elle touche volontiers les enfants ; les portes refermées de façon intempestive sont grandes pourvoyeuses de contusion unguéale.


     Les circonstances de survenue sont donc essentiellement les écrasements de la phalange distale entraînant trois types de lésions unguéales :

                - l'hématome sous-unguéal,

                - l'avulsion unguéale partielle,

                - l'arrachement unguéal total avec perte de l'ongle.


     Il est inutile d'insister sur le fait que les traitements de ces lésions, bien que simples et immédiats comme nous allons voir, nécessitent préalablement une constante anesthésie locale et la pose d'une bande élastique hémostatique en vue d'un parage et un lavage méticuleux.

Notion anatomique de la matrice unguéale


     Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la matrice unguéale, responsable de la pousse horizontale de l'ongle, est très haut située ; en effet, elle débute seulement à deux millimètres de l'articulation interphalangienne distale.

a. matrice unguéale ; b. lit unguéal ; c. hyponychium ; 1. tendon extenseur ;

2. tendon fléchisseur ; 3. articulation interphalangienne distale ; 4. repli unguéal ;

5. portion dorsale du repli unguéal ; 6-7. eponychium ; 8. lunule ; 9. phalange distale ;

10. tablette unguéale ; 11. pulpe.

Coupe longitudinale de la phalange distale


     Le patient, informé de cette notion anatomique importante, se trouve alors davantage rassuré quant à la repousse de son ongle, tout en sachant que celle-ci peut être souvent disgracieuse.

Hématome sous-unguéal


     Ce type de contusion est fréquent et particulièrement douloureux, voire syncopal lorsque l'hématome est total.


     Qu'il soit basal ou total, la sanction thérapeutique est univoque : l'hématome sous-unguéal est toujours évacué par une fenêtre faite au bistouri ; le classique trombone chauffé est déconseillé car souvent inefficace du fait d'un diamètre insuffisant.


     Conseils pratiques pour la réalisation de la fenêtre :

               · Ne pas hésiter à appuyer avec le bistouri car l'ongle est très résistant et épais.

               · Réaliser une fenêtre suffisante, le plus proche possible de la lunule.

               · Ne pas sectionner les quatre bords de cette fenêtre en un temps car elle s'enfoncerait et deviendrait difficilement extirpable.

               · Créer un capot en incisant trois côtés, laissant le bord lunulaire (proximal) non sectionné dans un premier temps ; puis en glissant la lame du bistouri sous le bord distal incisé, on relève le capot unguéal ainsi créé que l'on maintient avec une pince ; il suffit enfin de séctionner le côté lunulaire (proximal) pour extirper la fenêtre unguéale.

Réalisation de la fenêtre unguéale

Avulsion unguéale partielle


     Ce type de lésion unguéale est régulièrement observé lors de mécanisme d'écrasement de la phalange distale chez l'enfant. Elle existe néanmoins chez l'adulte et notamment chez les personnes âgées qui manipulent, plus ou moins avec dextérité, des chaises longues qui se révèlent être souvent traitresses.


     L'avulsion unguélae, avec ongle présent, s'accompagne souvent de plaies latérales, s'associe parfois à une fracture de la houppe, à une contusion de la pulpe.


     La conduite à tenir en urgence est systématiquement la reposition de l'ongle par un point en cadre :

                · elle protège le lit unguéal qui recevra l'ongle futur à partir de la matrice.

                · Elle sert d'attelle pour les fractures fermées de la houppe.

                · Elle diminue la dystrophie unguéale ultérieure.


     La reposition de l'ongle débute par sa réinsertion proximale sous l'éponychium qui est parfois difficile mais fondamentale ; vient ensuite la réalisation du point en cadre (fil non résorbable monobrin nylon type 0 ou 2/0 pour les adultes, type 3/0 pour les enfants) dont le noeud sera cutané ; puis on exécute une fenêtre au bistouri, préventive de l'hématome sous-unguéal ; enfin, on termine par les sutures latérales éventuelles : faites avec un fil monobrin nylon, non résorbable, type 4/0 en points semi-lâches séparés.


     Le point en cadre sera laissé 15 jours à trois semaines, tandis que les points latéraux éventuels seront ôtés au 15e jour.


     Bien entendu, cette reposition de l'ongle par un point en cadre sera suivie régulièrement, et, de préférence, le pansement refait quotidiennement.

Ne pas oublier la prescription d'antalgiques car le "réveil" est toujours douloureux.

 

Arrachement unguéal total avec perte de l'ongle


     Le problème présenté est une contusion de P3 avec l'ongle perdu :


     Soit il n'y a pas de lésion matricielle importante, la réalisation d'un pansement à base de corticoïdes (ex.: corticotulle®) suffit, puis on revoit le patient quotidiennement tout en sachant que la repousse de l'ongle prendra environ quatre mois normalement.


     Soit le lit unguéal a été fortement amputé et la matrice présente des lésions évidentes génératrices de reliquats unguéaux inesthétiques et douloureux, l'exérèse matricielle s'impose. Elle est réalisée par un chirurgien qui suturera ensuite les plaies du lit unguéal avec du fil fin type 5/0 monobrin non résorbable par points inversants.